» Connasse, princesse des coeurs

Connasse, princesse des coeurs

Connasse, princesse des coeurs

Elle avait fait de la petite lucarne son terrain de prédilection. Durant deux saisons, l’actrice Camille Cottin prenait à partie des anonymes choisis au hasard dans Connasse, le programme court à succès de Canal+, le tout filmé en caméra cachée.

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Et c’est cette même recette que les coréalisatrices de la mini-série, Noémie Saglio et Eloïse Lang, ont souhaité exploiter cette fois sur grand écran dans le film Connasse, Princesse des cœurs.

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Notre héroïne au culot monstre débarque donc sur grand écran dans un opus intégralement calibré pour les fans de la série. Pour son passage au cinéma, elle se dote d’un scénario mais reste à l’image de la mini-série qui l’a fait connaître, intégralement tournée en caméra cachée.

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Camilla, 30 ans, Connasse née, se rend compte qu’elle n’a pas la vie qu’elle mérite et se rêve princesse.  L’insupportable et très hautaine Parisienne décide que le seul destin à sa hauteur est celui d’une altesse royale et part à la conquête de l’Angleterre et du Prince Harry, le seul amour à la hauteur de son statut.

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Et pour le coup rien n’arrête la Connasse dont on suit les pérégrinations à travers la capitale anglaise non sans un certain intérêt, intrigués par son audace. On y apprend la genèse de la Connasse du berceau à ses rêves d’avenir. Mais peu importe le scénario finalement.

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Car c’est bien par le jeu de l’époustouflante Camille Cottin et par l’ingéniosité des caméras cachées que ce film brille. L’actrice excelle dans son personnage odieux, plus déchainé que jamais, osant tout et n’importe quoi  – quitte à terminer au poste de police – et faisant preuve d’une répartie à toute épreuve, dans une démonstration de l’étendue de son talent.

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On se joue des réactions de Londoniens très policés parfois totalement déstabilisés par des saillies blessantes. Certaines scènes sont vraiment hilarantes, comme le cour d’étiquette au salon de thé à Londres ou dans la pharmacie à Paris.

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On reste bluffés par certaines réactions de figurants assez barrés ou alors ayant un sens de la politesse poussé à l’extrême. Atteints bien malgré nous par le syndrome de Stockholm, nous nous rallions à sa cause lorsqu’elle se fait un brin malmener et conduire au poste.

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Mais malgré l’audace et la fraîcheur de Camille Cottin, certaines scènes tombent à plat, preuve de la complexité de la chose. Transcrire un humour de pastille en un ensemble plus long et cohérent de bout en bout n’est pas chose aisée.

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Dans ce genre très peu prisé au cinéma – seul Borat s’y était frotté le temps d’un film – pas de place à l’improvisation. Chaque scène est entièrement story-boardée avant chaque tournage afin d’éviter de gâcher des scènes ne pouvant avoir qu’une seule prise. Seule l’actrice compose avec les réactions du public au fur et à mesure de son avancée.

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Certains moments sensés ajouter un peu de cohérence au scénario plombent néanmoins le rythme, rendant le film malheureusement inégal. Le manque de véritables seconds rôles affaiblit considérablement le propos renvoyant à chaque instant au concept de caméra cachée.

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Le film tourne exclusivement autour de la Connasse. Alors que dans la série, l’héroïne avait parfois un semblant de vie sociale, elle semble bien seule face à sa quête en version longue. D’autant plus que certaines scènes ont nécessité l’aide de complices bien présentes mais invisibles.

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Ce film a vraiment été un gros travail d’équipe, de l’installation des micros aux dispositifs mis en place pour cacher les caméras et faire en sorte que les piégés se concentrent sur Camille Cottin. Si la majorité de l’action du film se déroule à Londres sans autorisation de tournage – caméra cachée oblige – c’est parce que l’actrice est maintenant reconnue à Paris compliquant ainsi la démarche de nos deux réalisatrices. Regardez bien d’ailleurs le générique de fin, vous verrez la réaction des piégés et quelques tentatives avortées.

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Et pourtant le pari est réussi tant le film semble définir l’art et la manière de transformer une pastille humoristique en long-métrage. Mais il n’est pas parfait car il lui manque ce petit supplément de scénario qui en aurait fait la transposition parfaite. Une fois sortie, l’impression d’avoir vu un film qui se tient était bien réelle, par contre celle de n’avoir pas échappé aux faiblesses est tout aussi palpable.

Alors si vous êtes clients de l’humour Connasse, courez-y, vous passerez un excellent moment. Pour ceux qui ne connaissent pas, les teasers vous mettront peut-être l’eau à la bouche. Quant à nous cette Connasse avec du style et du répondant en fait, on l’aime bien…

Marie-Odile Radom

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