» MONUMENTA 2012 – DANIEL BUREN « EXCENTRIQUE(S) »

MONUMENTA 2012 – DANIEL BUREN « EXCENTRIQUE(S) »

MONUMENTA 2012 – DANIEL BUREN « EXCENTRIQUE(S) »

« J’utilise la couleur en ayant conscience qu’il s’agit d’un élément fondamental des arts visuels. C’est l’un des rares éléments que les artistes peuvent aborder et toucher et qui est d’une certaine façon de la pensée pure. C’est impossible de la transcrire ni en musique, ni en parole, ni en philosophie, en rien ! C’est brut !  » Daniel Buren

Depuis 2007, MONUMENTA invite chaque année un artiste contemporain de la scène internationale à investir les 13 500 m² culminant à 45 mètres de hauteur de la Nef du Grand Palais pour créer une œuvre inédite, conçue spécialement pour ce lieu.

A chaque fois, la surprise est au rendez-vous, chaque artiste créant une œuvre magistrale en osmose avec le Grand Palais. Après le succès des quatre premières éditions confiées au peintre allemand Anselm Kiefer en 2007, au sculpteur américain Richard Serra en 2008, à l’artiste français Christian Boltanski en 2010 et à l’artiste Anish Kapoor en 20111, il fallait une nouvelle fois trouver un artiste d’envergure pour créer une œuvre qui serait à la fois plébiscitée par le public et la critique.

Pour l’édition 2012, c’est l’artiste français Daniel Buren qui relève le défi et nous offre jusqu’au 21 juin une œuvre in situ qui bouscule nos perceptions et nous oblige à appréhender la notion de point de vue d’une manière totalement inédite.

Celui qui s’est mesuré aux espaces publics les plus complexes dans le monde et qui a métamorphosé des lieux mythiques, tels le Guggenheim de New York ou la Cour d’Honneur du Palais-Royal – à travers son œuvre la plus controversée Les Deux Plateaux – a trouvé naturellement avec le Grand Palais un espace de réflexion idéal pour laisser libre cours à sa création in situ.

Des couleurs franches jugées décoratives qui réagissent entre elles, des jeux de lumière jouant avec les matériaux, les couleurs, les formes et les ombres et transformant l’œuvre à chaque instant, un travail in situ en totale osmose avec le lieu dans lequel ses œuvres sont présentées, voilà les principaux fondements du travail de Daniel Buren.

A l’inverse de son prédécesseur dont le Leviathan remplissait totalement la nef et était l’occasion d’une expérience sensorielle sans précédent, l’œuvre de Daniel Buren se joue de nous en utilisant l’architecture même du Grand Palais pour révéler la nef sous un jour nouveau. Jusqu’au 21 Juin 2012, l’artiste nous convie à évoluer dans un dédale de ronds bleus, oranges, jaunes et verts pour mieux redécouvrir l’espace, les volumes et l’architecture de ce lieu mythique.

L’œuvre, baptisée « Excentrique(s) », occupe la quasi-totalité de la nef de 13 500 m2. Cette forêt coiffée de cercles de tailles différentes, sur lesquels sont tendues des toiles plastiques colorées à trois mètres de hauteur, est une véritable œuvre à vivre. Sur les vitraux de la coupole sont apposées des feuilles bleues transparentes, pour parfaire l’expérience et au centre, d’immenses miroirs ronds reflètent la coupole.

Le public entre par une sorte de corridor de 180 mètres de long faiblement éclairé pour déboucher d’un seul coup dans la nef et se retrouver soudainement immergé dans la couleur. Lorsque Daniel Buren avait accepté de réaliser cette 5e édition de Monumenta, il avait posé comme condition préalable que l’immense entrée principale soit condamnée pour permettre de réorganiser la circulation des visiteurs et ainsi de le mettre en condition.

Tout au long de la « promenade », des textes et des sons mélangés (voix de l’artiste ou de proches enregistrés) accompagnent le visiteur, comme des vagues sonores et révèlent l’invisible. Chaque son entendu complète ce qui est vu, l’un ne pouvant se réduire à l’autre. Mais le son ne fait pas qu’accompagner le visiteur. On n’y prête pas attention dans un premier temps avant de le sentir emplir l’espace. Et d’être là, perpétuel.

Évoluant au fil des heures de la journée et en fonction du parcours du visiteur à l’intérieur de l’œuvre, cette Excentrique(s) est en fait un savant jeu de lumière rappelant les vitraux d’église. Soudainement et sans qu’on y fasse attention, la Nef du Grand Palais devient une chapelle de l’art contemporain, un véritable instrument au service de notre perception.

L’interaction entre la couleur et la lumière se poursuit au fur et à mesure des déambulations. L’intensité des couleurs varie avec la météo et l’éclairage. Un rayon de soleil et les couleurs deviennent éclatantes, le sol se teinte, les personnes présentes aussi. Un nuage et l’ambiance devient sombre presque sourde.

Les couleurs se reflètent sur les poteaux blancs suivant la lumière, les cercles forment des ombres colorés sur le sol et des grands miroirs placés au centre de l’installation sont là pour perturber la perception de cet immense espace dans une fabuleuse mise en perspective. A travers ce prisme de lumière, la verrière nous paraît autre, allongée, sans véritable début ni fin et se complaît à nous regarder l’observer dans la réflexion qu’offrent les miroirs…

Une fois encore, Monumenta n’a pas failli. Moins spectaculaire que l’année précédente, l’œuvre de Daniel Buren n’en est pas moins passionnante tant elle se joue de notre point de vue et de notre perception de l’espace, de la lumière et de la couleur. Presque vivante, Excentrique(s) se révèle changeante, bouleversante et n’est jamais tout à fait la même. Elle est juste monumentale.

Monumenta 2012, légende
Daniel Buren, « Excentrique(s), travail in situ », 2012, 380 000 m3. Détail.
Monumenta 2012 – Daniel Buren, Paris. © Daniel Buren, ADAGP, Paris. Photo Didier Plowy.

Nef du Grand Palais – Porte principale Avenue Winston Churchill 75008 PARIS
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 19h le lundi et le mercredi Et de 10h à minuit, du jeudi au dimanche.

Marie-Odile Radom

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