La renaissance des parfums Le Galion

« Les Parfums Le Galion appartiennent à la même famille de fragrances passionnées, à la fois ardentes et subtiles, qui créent un sillage d’admiration derrière celles et ceux qui savent les porter. » L’Officiel de la Mode 1956

Souvent le parfum est histoire d’émotion, celle qui marque la mémoire et bouleverse les sens. Et parfois plus. Parfois une émotion première est telle qu’elle bouleverse une vie à tout jamais. Telle fut l’émotion ressentie par Nicolas Chabot lorsqu’au hasard d’une promenade aux puces, il découvrit un flacon de parfum Sortilège de la maison Le Galion dont il ne soupçonnait jusque là pas l’existence.

Alors commença pour cet homme passionné une quête laborieuse, la quête d’une maison ancienne dont le seul nom, inspiré des grands navires à poupe carrée, évoque les grands larges et l’évasion par delà les mers.

Patiemment, Nicolas Chabot effectua un voyage hors du temps pour dérouler l’histoire d’une magnifique endormie, n’existant plus que dans le souvenir lointain de la belle parfumerie française. Et son coeur fut chaviré. Troublé par cette maison à l’identité forte et au patrimoine considérable, il décida après avoir rencontré l’héritière du nez de la Maison de la faire renaître de ses cendres.

Fondée au tout début des années 1930 par le Prince Murat, descendant de Napoléon Bonaparte, la Maison Le Galion est rachetée en 1935 par Paul Vacher, parfumeur légendaire à qui l’on doit notamment les mythiques Miss Dior original ou encore Arpège en collaboration avec André Fraysse  pour la Maison Lanvin.

Cet amoureux des fleurs se lança alors dans l’aventure et réalisa son rêve en créant sa propre maison. En 1936, le très respecté parfumeur composa le fameux Sortilège, un bouquet fleuri aldéhydé contenant plus quatre-vingts essences naturelles.

Richesse des matières, élégance de la fragrance et flacon chic , le Sortilège devint rapidement l’un des fleurons de la Maison Le Galion. Paul Vacher souhaitant rendre hommage à sa fragrance phare recruta même dans les années 70 le célèbre photographe Guy Bourdin dont les interprétations osées et décales de la figure féminine collaient à l’esprit de la maison de parfumerie.

A la fin des années 30 vinrent Bourrasque, Brumes et quelques très beaux soliflores dont Iris et Tubéreuse, couturés des plus belles matières premières naturelles. A la Libération, Paul Vacher continue de créer des parfums, comme Special for Gentlemen en 1947 et La Rose en 1950, le très célèbre et bien nommé Snob en 1952 ou encore Whip en 1953. 

Dans l’hôtel particulier de Neuilly abritant l’usine et les bureaux de la Maison Le Galion, le parfumeur de génie créa plus d’une trentaine de parfums. En 1975, Paul Vacher quitte brutalement le navire laissant Le Galion sans capitaine.

Sa fille Dominique De Urresti, qui travaillait avec lui depuis 10 ans, devint le nez de la Maison et créa même en 1978 Mégara en hommage à son père. 

Deux ans après, Le Galion est vendu à un groupe américain. Mal gérée, la société périclite rapidement et plonge dans un profond sommeil. Et avec elle disparaissait une certaine image de la parfumerie française, élégante, simple et raffinée, en constante recherche de la meilleure qualité.

Rien ne prédestinait cette maison d’exception à revenir en pleine lumière. Et pourtant plus de 30 ans plus tard, la Maison de Parfumerie Le Galion renaît de ses cendres. Les fleurons de la marque modernisés sont ainsi réédités. 

Reprendre ainsi une maison de parfumerie ne fut pourtant pas chose aisée. Les nouvelles législations et l’interdiction de nombreuses matières premières ont fait naître de nouvelles normes, de nouveaux codes. Comment alors faire renaître ces fragrances sans leur voler leur âme ? 

Autour de Dominique et Nicolas, trois parfumeurs ont réussi l’exercice difficile de faire vivre à nouveau les formules de l’époque aux normes actuelles sans pour autant trahir la fragrance d’origine. Parmi eux, l’excellent Thomas Fontaine, déjà rôdé à l’exercice, a brillamment relevé le défi.

Neuf créations rares, de qualité, placées sous le signe de l’élégance et de la distinction, perpétuent aujourd’hui l’héritage de Paul Vacher et sa quête d’excellence, utilisant les plus belles matières premières dans leurs compositions.

De nouveau, le Sortilège nous envoûte dévoilant une féminité affirmée, charmeuse, insaisissable. Derrière son sillage intense et envoûtant se cache l’alchimie parfaite entre la peau et le parfum, une émotion brute, sensuelle. 

Il séduit en douceur avec un accord doux de fleurs blanches et d’ylang-ylang de Madagascar. Puis soudain le bouquet floral explose, laissant s’exprimer sur la peau le jasmin d’Egypte et une délicate note du mimosa pays soutenu par le narcisse. La rose turque fait alors vibrer le coeur -et le notre – dans une fusion charnelle avec l’iris avant de dévoiler la chaleur d’un fond ambré boisé de santal et de vétiver. 

Côté soliflore, on est captivé par la Tubéreuse qui s’éloigne du soliflore habituel pour révéler un coeur plus vert, plus accrocheur, tout en retenue.

Le Whip, parfum à l’esprit cologne, intemporel, est un véritable retour source à la fraîcheur, tonicité et distinction. Cet hespéridé épicé aux notes d’agrumes rafraîchissantes avec un coeur totalement aromatique travaillé autour d’accords floraux sera le parfait compagnon pour l’été.

Le 222 surprend et charme avec ses effluves orientalistes d’une sensualité troublante. Cette création non signée retrouvée dans les archives de la Maison a été réécrite autour d’un accord oriental ambré. Charnel, son départ surprenant et tendre envoûte avec ses notes florales de violette et ses effluves de bois de Cachemire légèrement sucrées.

Fragrance masculine par excellence, Eau Noble est un parfum racé, tout en noblesse. Cet hespéridé chypré cuiré exhale la plus parfaite des attitudes avec son départ de bergamote, citron et mandarine d’Italie et de galbanum. La note de coeur fleurie aromatique sur fond de lavande, de sauge et de géranium adoucit le propos. Et pour finaliser l’accord cuiré, la mousse de chêne, le patchouli d’Indonésie, le bois de cèdre et les muscs s’accordent et apportent rondeur et sillage.

Aujourd’hui, chaque flacon, épuré et raffiné à l’instar de l’univers de la Maison, a été repensé mais conserve les formes pures et géométriques des flacons historiques de la marque puisant son inspiration dans l’Art Déco. Il est surmonté d’un cabochon en Bakélite noire, très prisé dans les années 30, contrastant avec le flacon en verre facetté tout en finesse.

Plus de 30 ans après son endormissement, la Maison de Parfumerie Le Galion renaît, tel le phénix, de ses cendres et réédite les parfums qui ont fait ses beaux jours. Iris, Sortilège, ou encore Eau Noble, autant de fragrances iconiques sont aujourd’hui à nouveau disponible. 

Avec ses codes classiques intemporels, la maison de Haute-Parfumerie a su remettre l’excellence de la parfumerie française au coeur de la création. Pour l’occasion, le célèbre concept-store Colette qui distribue les parfums cède sa vitrine à la maison Le Galion jusqu’à la fin de la semaine. alors rendez-vous rue Saint-Honoré pour découvrir la magie de cette maison haute en senteurs.

Distribué chez Colette et Jovoy.

Colette, 213 rue Saint Honoré 75001 Paris, Tél.01 55 35 33 90

Jovoy, 4 rue de Castiglione 75001 Paris, Tél. 01 40 20 06 19

Marie-Odile Radom

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