» Boxing with the stars par Ron Galella à la A. Galerie

Boxing with the stars par Ron Galella à la A. Galerie

Boxing with the stars par Ron Galella à la A. Galerie

« Je recherchais ce qui était exclusif et spontané, ce que je pouvais prendre au dépourvu. » Ron Galella

« Smash His Camera« . Ses trois mots furent prononcés un jour de promenade par Jackie Kennedy-Onassis en parlant d’un paparazzi. La veuve de l’ancien Président des États-Unis ne parle pas d’un quelconque photographe, mais bien de Ron Galella, photographe favori d’Andy Warhol surnommé « le Parrain US de la culture Paparazzi« .

Ron Galella fait partie aujourd’hui des légendes du métier. Il a réalisé des millions de photographies capturant les stars et couvrant des centaines d’événements. Boxing with the stars, proposée à la A. Galerie jusqu’au 22 octobre 2011, est l’occasion de découvrir le talent singulier de ce passionné de photographies et de stars, prêt à tout pour saisir l’image qui lui semblait la plus juste.

Né aux Etats-Unis le 10 Janvier 1931, Ron Galella est mondialement reconnu comme pionnier de la photo paparazzi. Il s’enrôle dans l’aviation américaine et participe à la guerre de Corée comme photographe de guerre puis étudie le photojournalisme à l’Art Center College of Design de Los Angeles. Il déménage à New York en 1958 : « Il a fallu que je fasse le métier de paparazzi pour échapper à la pauvreté« , dit-il.

Lorsque que Ron Galella a démarré, les clichés « volés » faisaient parti du folklore toléré, les stars étaient souvent mises en scène, posant sous leur meilleur angle. Le photographe a été le premier à saisir les stars loin des tapis rouges. Il traquait les vraies célébrités dans les mondanités, les attendant à la sortie des boîtes de nuit ou dans la rue parfois caché derrière les buissons, bien loin des dérives du star système actuel où la moindre personne un peu connue est traquée dans ses travers les plus personnels.

Ron Galella s’interdisait les photos trop intimes et prenait de très beaux clichés des icônes saisies sur le vif, recherchant l’aspect artistique de la photo et définissant ainsi les lettres de noblesse d’une profession décriée. Passionné par son art, il vouait une véritable admiration aux personnes qu’il photographiait.

Pour décrocher le cliché parfait, Ron Galella ne mesurait pas les risques et fonçait droit devant, objectif à la main, ce qui lui valut, entre autres, deux poursuites judiciaires très médiatisées de Jacqueline Kennedy-Onassis, qui obtint du tribunal qu’il ne l’approche plus à moins de 8 mètres. Le photographe a entretenu une relation plutôt houleuse avec celle qui considérait comme sa muse : « Elle a fait de moi le paparazzi que je suis parce qu’elle ne posait pas. »

De cette relation peu conventionnelle est née sa photographie la plus connue, la Wind blown Jackie, dans laquelle on peut admirer une Jackie Kennedy-Onassis au naturel, magnifique les cheveux dans le vent, traversant Madison Avenue avec un sourire énigmatique. Ce cliché, pris d’un taxi, constitue paradoxalement l’un des plus beaux portraits de l’ancienne Première Dame, révélant tout le mystère d’une des plus grandes icônes contemporaines, la transformant ainsi en symbole de l’éternel Féminin. « C’est probablement pour ça qu’elle a souri, elle ne savait pas que c’était moi ! « , raconte t’il.

Jackie Onassis n’est pas la seule star avec laquelle le photographe a eu des problèmes. Frank Sinatra avait l’habitude de l’appeler ‘‘le rital’’», les gardes du corps de Richard Burton l’ont passé à tabac avant de le faire jeter en prison et Marlon Brando, agacé d’être suivi, lui a asséné un coup de poing lui défonçant la mâchoire un soir de juin 1973. Un an plus tard, au détour d’un événement, Galella s’est présenté devant lui avec un casque de football américain. La photo a fait le tour du monde. C’est par la suite devenu un gag récurrent chez les stars de prétendre le frapper.

Autodidacte bourré de talent, le photographe impressionne par la maîtrise technique de ses propres tirages élevant au niveau artistique un genre qu’il a lui-même contribué à démocratiser. Boxing with the Stars rappelle quelques-uns de ses plus beaux faits d’armes datant des années 1970-1980 : le fameux cliché de l’ex-Première Dame des Etats-Unis dans les rues de Manhattan, Robert Redford caché derrière des lunettes miroir, Mick Jagger et Jerry Hall passablement énervés d’être pris en photo, Sean Penn assénant des coups de poing ou encore John Lennon en grande conversation avec Mick Jagger…

Les 35 tirages exposés brossent le portrait d’une autre époque où la vie des célébrités n’était pas exposée comme elle l’est aujourd’hui. Ron Galella était une sorte de relais entre ces personnages mythiques et le grand public. Sa technique est simple: fast shoot, fast shoot ! a-t-il expliqué. Nul besoin de regarder dans le viseur. Ce qui intéresse le photographe, c’est la photo spontanée, où le sujet est pris de court et nous livre, malgré lui, une émotion réelle, une expression venant du cœur surprise par le flash.

Désormais, les clichés de Galella sont plus connus que lui et se retrouvent dans les collections du MoMA ou de la Tate Gallery, publiés dans les plus grands magazines américains. Radiographie d’une époque, instantanés de vie de monstres sacrés, les photographies volées de Ron Galella ont défini les contours d’une profession qui, depuis, s’est quelque peu fourvoyée, délaissant l’émotion pour une course à l’image dénuée d’intérêt. Et c’est pour cette raison que ces photos sont nécessaires pour nous rappeler comment capter l’essence d’une époque et celle de ceux qui la font. A l’heure actuelle, nous sommes dans l’erreur.

Crédit photo : © Ron Galella with the courtesy of A. Galerie

Exposition Boxing with the stars à la A. Galerie 12, rue Léonce Reynaud 75116 Paris

La galerie est ouverte du lundi au vendredi de 11h à 13h30 et de 15h à 19h et le samedi de 12h à 19h

www.a-galerie.fr

Marie-Odile Radom

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