» Jean-Paul Gaultier Haute-Couture Printemps Eté 2012

Jean-Paul Gaultier Haute-Couture Printemps Eté 2012

Jean-Paul Gaultier Haute-Couture Printemps Eté 2012

« Amy était une icône du style. Elle mélangeait de nombreuses influences et était très contemporaine. » Jean-Paul Gaultier

D’elle, on se souvient d’abord de sa voix sans égal la classant parmi les grandes divas de la soul. Ses compositions, mélanges de jazz, de blues et de soul, bercent encore nos moments de solitude. Ses yeux soulignés d’un lourd trait d’eye-liner, sa légendaire choucroute et ses nombreux tatouages resteront à jamais gravés dans nos mémoires.

Le 23 juillet 2011, une des plus talentueuses artistes devenue icône de la musique nous quittait. Amy Winehouse disparaissait après une carrière fulgurante et des excès en tous genres laissant en héritage des petites pépites musicales. Mais pas seulement.

Artiste dans l’âme, Amy avait su s’inventer un style de pin-up des temps modernes inspiré des années 50, qui a très vite séduit les fans de mode. Lingerie apparente, robe tube imprimée très années 80, short en jean, escarpins colorés, petites robes bustier à la coupe rétro, taille marquée et ballerines mettaient en avant l’ultra-féminité d’un look étudié mais complètement en phase avec l’artiste.

C’est à ce sens du style et à la grande artiste qu’était Amy Winehouse qu’a voulu rendre hommage le créateur Jean-Paul Gaultier à travers sa collection Haute-Couture Printemps-Été 2012. Dans l’intimité du siège de la Rue Saint-Martin, un podium se dessine sur une lumière pourpre. Royal Albert Hall, Bowery Hall, les emplacements prennent le nom de salles de concert londoniennes. Un quatuor égrène à capella les notes de Back to Black. Le show peut commencer. La salle retient son souffle…

« Ce qu’elle représente avant tout, c’est le fait d’être unique. En musique, comme dans sa façon de s’habiller, elle mélange de nombreuses influences » avoue le créateur. Et la tâche était à la mesure du talent et de la créativité de Jean-Paul, revisitant avec l’esprit couture les basiques de la chanteuse, les mixant avec des éléments masculins comme la rayure tennis ou le blouson Teddy si cher aux étudiants américains créant ainsi un nouveau style unique, hybride et magnifique.

Soudain, les premières silhouettes brunes choucroutées apparaissent, familières et pourtant nouvelles. La première semble ressusciter la chanteuse à la voix de velours en polo blanc très court laissant deviner un soutien gorge-noir et jupe droite noire scintillante. Trait d’eye-liner épais, jupe crayon, choucroute et mèche blanche, elle compose une Amy très ressemblante. Les perruques colorées s’enchaînent.

La signature de Gaultier est bien là mais elle se retrouve magnifiée par des couleurs vives qu’il recouvre parfois de dentelle de Chantilly noire. Corsets structurés, laçage, costumes d’hommes et trenchs déstructurés se succèdent. Tailleurs en dentelle lamée or, tailles corsetées, jupes crayon et blazers déstructurés redéfinissent une femme ultra-féminine et glamour.

Les ateliers ont fait un véritable d’orfèvre, brodant des milliers de paillettes sur des vestes, des polos ou encore des jupes colorées. Le travail des coupes est parfait offrant des nouvelles formes de décolletés. Les couleurs explosent : jupe en crêpe turquoise, blouse en organzia fuschia, obi en lamé canari….

Le fameux blouson Teddy se gaine de cuir bordeaux et s’allonge. Un soutien-gorge en gros croquet écossais se combine avec une jupe à volants de tulle rebrodés de perles sur du python rouge offrant une silhouette originale accessoirisée d’un serre-taille assorti.

Le mythique polo Fred Perry d’Amy Winehouse est sans cesse réinterprété. Il se féminise avec un profond décolleté laissant apparaître la lingerie. Il se mue en une élégante robe blanche en jersey nid d’abeille brodée d’un G noir plaçant le décolleté dans le dos. Il devient une splendide robe en guipure orange fluo.

Les influences sont multiples. Les robes longues aux imprimés chics redoublent d’élégance tandis que des robes aux jupons nombreux renvoient aux robes fifties.

Un soutien-gorge rebrodé de perles, de strass et de fleurs, porté sur une robe en mousseline à col bénitier renvoie au fameux soutien-gorge iconique créé pour Madonna. L’esprit du parfum Classique plane sur la robe de mariée, robe corset rose poudrée aux hanches très marquées.

Puis soudain l’ambiance change, le quatuor termine ses vocalises et la voix d’Amy retentit reprenant Back to Black. Les dessous reprennent le dessus et les mannequins réapparaissent en lingerie et corsets voilées de noir ou de blanc. Imprimé tatouage et marinières refont leur apparition. Sont-elles des mariées ou portent-elles le deuil ? Probablement un peu des deux, l’émotion monte d’un cran.

Entre les  corsets – marque de fabrique de l’enfant terrible de la mode – les chignons «choucroute» de couleur verte, rose, rouge et les robes corsetées très féminines, Jean Paul Gaultier a su mixer l’essence du style d’Amy Winehouse et ses propres classiques dans une collection Haute-Couture faisant largement référence aux années 50 et 60. A l’image de la chanteuse à la voix de velours, elle est « au contraire contemporaine » et qu’elle nous touche. Chapeau bas l’artiste, ce fut un fabuleux hommage.

Crédit photos :

Image à la une : Photo Raoul Volfoni / News Pictures

Défilé : GIovanni Gianonni with the courtesy of WWD.

Marie-Odile Radom

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