» Steffie Christiaens Prêt-à-Porter Printemps-Eté 2013

Steffie Christiaens Prêt-à-Porter Printemps-Eté 2013

Steffie Christiaens Prêt-à-Porter Printemps-Eté 2013

« My universe is lost somewhere within photography, art, science and architecture—all acting directly or indirectly as catalysts for my fashion designs. » Steffie Christiaens

La jeune créatrice Steffie Christiaens ne fait pas les choses comme les autres. Sa mode est un laboratoire d’idées dans lequel elle expérimente sa vision du monde avec grâce et intelligence de saison en saison. La saison dernière, l’étude du processus de création de la glace était l’occasion d’une collection inspirée par la glace, sublime et ultime donnant naissance à des pièces d’exception. la jeune créatrice nous a proposé une couture géométrique très structurale, s’inspirant des différentes formes que pouvait revêtir la glace.

Pour le Printemps-Été 2013, elle nous loue la beauté du déclin et imagine une garde-robe en vue de la fin du monde, inspirée par la fonte des glaciers et de récents voyages en Asie. Métaphore de l’instabilité et de l’incertitude du futur de notre monde civilisé, la nouvelle collection de la jeune créatrice est de nouveau une démonstration presque scientifique de son savoir-faire et une interrogation intéressante du concept moderne de vanité.

Steffie CHRISTIAENS spring/summer 2013 from Gurvand TANNEAU on Vimeo.

Débutant le défilé par un petit court-métrage projeté sur le mur, elle nous plonge d’emblée dans son propos à l’image de cette jeune femme plongeant dans l’océan et nageant avec délectation, image fascinante d’un déclin sans cesse revécu où le vêtement se dissout et se décompose dans l’eau. Mais point d’apitoiement ou de tristesse, bien au contraire, autant attendre le déclin en beauté et revêtir ses plus beaux atours pour profiter des derniers beaux jours !

S’inspirant du cycle de vie d’une femme d’aujourd’hui, de la naissance au décès, les premières silhouettes s’offrent à nous comme autant d’objets de désir dans des coupes acérées et pointues, offrant des symétries psychédéliques et cycliques très attirantes dans une palette de couleur optimiste où se mêlent le bleu glacé, le rose pâle, l’abricot et l’argent.

Le court-métrage fait rapidement place à une jeune fille portant des lunettes d’allure vintage aux branches inversées mais à l’équilibre très fragile. Vêtue d’une chemise transparente aux poignets et au col en coton blanc mat et d’un pantalon taille haute dans la même matière, elle avance d’un pas décidé le pied nu se dévoilant très subtilement.

Contraste des matières et broderies aux reflets irisés apportent de la luminosité à une tenue dont la transparence est atténuée par un col plastron pudique.

Des ensembles élégants se succèdent, donnant le ton d’une collection placée sous le signe de la bichromie, subtile, douce et poudrée. De douces transparences portées par des tissus aux faces différentes font ainsi état de cette fragile incertitude du futur. Le jeu de découpes des tops long devant et court derrière dynamise la silhouette.

Les robes de soirée au décolleté dans le dos majestueux et profond tombent de l’épaule en soie lavée et cuir. Le coton élasthanne prend forme et s’épanouit comme crop-top ou des vestes 3/4. Des mailles en soie créent un effet de fleuve qui coule le long d’un bustier ou d’un cardigan sans manches.

Vêtements aux allures futuristes et drapés modernes séduisent et font la part belle aux épaules démesurées, effet accentué par plusieurs propositions de manteaux larges. Une jupe sculptée comme des ailes de papillon, avec des pincements comme un origami de gazar de soie chutant sur l’avant, renvoie au caractère éphémère de la vie et à la notion de vanité.

Un imprimé graphique appliqué sur une jupe crayon et un top donne l’impression intéressante d’un drapé tatoué à même le corps. Des broderies formant des ondulations sont appliquées symétriquement sur de la soie argentée quant elles ne se font pas bijoux posées autour du coup telles un collier précieux.

Puis vient le temps de la mort. Les cols semblent se détacher des vestes reprenant l’idée de désintégration. La mort semble sied parfaitement à la femme Steffie Christiaens. La robe de plage se réinvente et s’orne d’une voilette à chapeau renvoyant à l’image d’une veuve toute en transparence. De nouveau, le vêtement ne tient plus qu’à un fil et semble s’effriter par endroit.

Si la collection semble au bord de l’apocalypse, suivant le cycle de la vie, les accessoires, quant à eux, ont été construits sur le concept d’équilibre. Une tige de laiton est reliée à des chaînes noires et forment ainsi un bracelet d’esclave, rejoint par des boucles d’oreille suspendues dans le même esprit et renvoyant à l’attachement aux choses matérielles.

Les cheveux sont ornés d’un peigne métallique flottant par dessus la masse. Le coup de cœur de la rédaction : les lunettes reprenant aussi l’idée de la chaîne.

Une nouvelle fois, la créatrice Steffie Christiaens nous prouve que la mode est un champ d’exploitation infini. Consciente des enjeux de notre époque, elle nous livre sa propre vision du concept de vanité appliqué à la mode. Mais loin d’avoir une vision apocalyptique des choses, elle nous offre une leçon d’optimisme sur fond de découpes graphiques et de panneaux complexes tout en soulignant notre presque aliénation aux choses matérielles. Puisque la fin est inéluctable, autant l’aborder avec le plus de recul possible. Et comme toujours, c’est brillant.

Crédit photo : with the courtesy of Steffie Christiaens

Marie-Odile Radom

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