» Festival Visa pour l’Image 2011, le rendez-vous du photojournalisme

Festival Visa pour l’Image 2011, le rendez-vous du photojournalisme

Festival Visa pour l’Image 2011, le rendez-vous du photojournalisme

« Capa disait que si la photo n’est pas bonne, c’est qu’on n’est pas assez près. Moi, je pense que si la photo n’est pas bonne, c’est qu’on n’est trop près. La distance permet d’élargir le point de vue. » David Burnett

Marc Riboud, Henri Cartier-Bresson, Robert Capa, Raymond Depardon, David Burnett…Leur nom est connu de tous et leurs clichés ont fait le tour du monde. Pourtant, de l’homme on ne sait presque rien, on ne connait que ce qu’ils laissent filtrer à travers leurs objectifs. Ces hommes talentueux et passionnés ont arpenté la planète en fins observateurs au plus près de l’actualité.

L’appareil photo en bandoulière et l’œil aux aguets, ils ont signé certaines des plus célèbres photographies de l’histoire parcourant le monde en quête de vérité, de celle qui fera partie de notre mémoire collective. Représentant l’âge d’or du photojournalisme, ils ont défini les lettres de noblesse d’une profession en perpétuelle évolution.

Les activités de plein air sont limitées dans ce centre psychiatrique de Pékin. Les patients se promènent, s’assoient, et certains s’amusent à sauter. ©Lu-Nan / Magnum Photos

Les activités de plein air sont limitées dans ce centre psychiatrique de Pékin. Les patients se promènent, s’assoient, et certains s’amusent à sauter. ©Lu-Nan / Magnum Photos

Apportant un regard sans concession mais terriblement humain sur le monde, le photojournaliste est nécessaire à son appréhension mais également à sa compréhension. Véritable témoin des transformations de notre société, il est, parfois au péril de sa vie, le miroir grossissant d’un monde en perpétuel mutation.

En l’espace de quelques années, le monde du photojournalisme a subi de profondes modifications. Mais la profession perdure en s’adaptant afin de suivre les évolutions du monde de la presse ; elle se réinvente malgré l’essor du numérique, la disparition des grandes agences photo et le respect du droit à l’image.

Frida Adoch, 53 ans, habite en Ouganda. Elle a perdu deux maris et son fils, sa jambe a été arrachée par une mine. Devant cette photo d’elle prise par Martina Bacigalupo, elle dit : « Là, je rapporte du bois à la maison, mais on dirait que j’ai des ailes sur la tête et que je vole à travers le ciel. » © Martina Bacigalupo / Agence VU

Et c’est pour rendre hommage à ces témoins de l’Histoire qu’a été créé le Festival de Photojournalisme de Perpignan plus connu sous le nom de Visa pour l’Image. Véritable fenêtre sur le monde, ce festival engagé retrace l’actualité de l’année écoulée dans le monde entier à travers le regard de photojournalistes reconnus ou débutants exposés dans toute la ville et récompensent les photographes ayant effectué les meilleurs reportages.

Jusqu’au 11 Septembre 2011, expositions, soirées de projection, débats, rencontres et forums retracent une actualité nous renvoyant l’image d’un monde en crise et en proie à la violence des éléments et des hommes. Printemps Arabe, Tsunami au Japon, Crise en Côte d’Ivoire, le Soudan, l’Afghanistan et bien sûr Haïti sont autant d’événements tragiques mis à la une et parfois récompensés dans cette 23è édition. Début Septembre, le palmarès a été dévoilé.

Des rebelles libyens hissent leur drapeau à un poste-frontière. Ras Lanouf, Libye, 8 mars 2011. © Yuri Kozyrev / Noor pour Time. Lauréat 2011 du Visa d’or News

 Le Visa d’or catégorie News a été décerné dimanche au photographe russe Yuri Kozyrev de l’agence Noor, pour son reportage Les chemins de la révolution réalisé durant le printemps arabe pour le journal Time. Connu pour ses reportages sur les conflits dans le Monde, Yuri Kozyrev a suivi ces derniers mois les mouvements de contestation en Égypte, au Bahreïn, en Libye et au Yémen pour témoigner de l’insurrection des peuples dans le monde arabe. Son regard sans concessions nous amène à prendre en compte le contexte de chaque pays dans ces bouleversements historiques.

Zarzis-Lampedusa, l'odyssée de l'espoir. © Olivier Jobard / Sipa Press pour Paris Match. Lauréat 2011 du Visa d’or Magazine

Le Visa d’or catégorie Magazine a été attribué au photographe français Olivier Jobard de l’agence Sipa Press pour son reportage Zarsis-Lampedusa, l’odyssée de l’espoir. Le photojournaliste a suivi l’exode de Tunisiens vers l’île italienne à bord d’un chalutier pour le magazine Paris-Match à la suite de la Révolution du Jasmin, en janvier.

Une équipe de secours à Rikuzentakata (préfecture d'Iwate), où près d'un dixième de la population aurait disparu. 20 mars 2011. © Shiho Fukada / International Herald Tribune. Lauréat 2011 du Visa d’or Presse Quotidienne

Le Visa d’or catégorie Presse quotidienne a été remis à l’International Herald Tribune pour la couverture du photographe japonais Shiho Fukada sur les conséquences du séisme qui a frappé le Japon. Shiho Fukada a couvert durant plusieurs semaines les conséquences du séisme et du tsunami et a suivi l’évacuation des civils de Fukushima consécutive à l’accident de la centrale.

Visa d'or Humanitaire du CICR : Les ambulances prennent de gros risques et peuvent être victimes de balles perdues destinées aux opposants au cours des affrontements. © Catalina Martin-Chico / Cosmos. Lauréate 2011 du Visa d’or Humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) soutenu par la Fondation SANOFI ESPOIR

Enfin, un Visa d’or « humanitaire » du Comité international de la Croix Rouge (CICR) a été décerné à la photographe franco-espagnole Catalina Martin Chico pour son reportage Cosmos sur la révolution yéménite, où des affrontements, de plus en plus meurtriers, ont lieu chaque semaine depuis le début de la rébellion.

Mogadiscio, 24 avril 2010. Mohamed Adan Ugas (12 ans, à gauche) et Ahmed Hassan (15 ans), enrôlés dans les forces du Gouvernement fédéral de transition, montent la garde à un poste de contrôle près de l’aéroport. Ahmed déclare avoir été envoyé en Ouganda à l’âge de 12 ans pour y être formé. Il s’est fait tirer dessus par le groupe d’insurgés le plus puissant, Al-Shabab. © Ed Ou / Reportage by Getty Images pour The New York Times. Prix du Jeune Reporter de la ville de Perpignan 2011

 Le Prix du jeune reporter de la Ville de Perpignan distingue un jeune talent et lui permet de finaliser son projet. Il a été décerné au photographe canadien Ed Ou pour son reportage sur les enfants soldats en Somalie par Getty Images pour The New York Times. Sur une avenue principale de Mogadiscio devenue ligne de front, de jeunes enfants ont des armes à la main. Le jeune photographe d’à peine 24 ans tente de nous expliquer qui sont ces enfants et qui les emploient.

© Ilvy Njiokiktjien. Lauréate 2011 du Prix Canon de la Femme Photojournaliste décerné par l'Association des Femmes Journalistes et soutenu par le Figaro Magazine

Le Prix Canon de la Femme Photojournaliste (décerné par l’Association des Femmes Journalistes et soutenu par le Figaro Magazine) a été attribué à la photographe Ilvy Njiokiktjien  pour son projet sur les adolescents afrikaners post-apartheid. Elle raconte en images leur endoctrinement dans des camps à doctrine raciste. Ses images seront présentées l’an prochain à Perpignan, comme c’est le cas pour la précédente gagnante Martina Bacigalupo de l’Agence VU dont l’exposition Je m’appelle Filda Adoch narrant le quotidien de Filda Adoch dans un Ouganda ravagé par la guerre est l’un des temps fort du Festival.

© Cedric Gerbehaye / Agence VU / Lauréat des Bourses Fnac 2011 Prison centrale de Juba, vue de l'intérieur. Dans le cadre de ses efforts de renforcement des capacités au Sud-Soudan, la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) finance la rénovation de cette prison

Deux des lauréats des bourses Fnac 2010 d’aide à la création photographique sont également exposés. Cédric Gerbehaye a choisi de raconter la naissance d’une nouvelle nation au Sud-Soudan loin de l’emballement médiatique. Son exposition Soudan, the Land of Cush, en s’attachant aux efforts de reconstruction, nous fait découvrir un pays meurtri ravagé par la malnutrition, où la paix ne tient qu’à un fil.

© Anastasia Taylor-Lind/ VII Mentor Program/ Lauréate des Bourses Fnac 2011 Nastya Karzan,18 ans, est préparée par une équipe d'artistes maquilleurs et de stylistes coiffeurs en coulisses avant le défilé de mode de Michael van der Ham au Old Billingsgate market. London Fashion Week, Février 2011. Londres, Grande-Bretagne.

Anastasia Taylor – Lind a choisi de raconter la vie atypique des femmes mannequins en Sibérie. Elle nous fait partager et découvrir son point de vue sur cet univers, aux antipodes de ses précédents travaux sur les femmes militaires, et sur la vie de femmes qui vivent dans des communautés isolées.

Grâce au festival Visa pour l’Image, Perpignan devient pendant 15 jours la capitale mondiale du photojournalisme où l’actualité est déclinée sous toutes ses formes. Un événement sans nul autre pareil et une occasion exceptionnelle de regarder le monde en face tel qu’il est, avec ses fêlures. Mais également l’occasion quasi-vitale de rendre hommage à une profession dont le monde ne saurait se passer : celle de photojournaliste. Le festival leur donne la parole de la plus belle manière : en images…

Association Visa pour l’Image – Perpignan
Hôtel Pams, 18, rue Émile Zola 66000 Perpignan
Tél : 04 68 62 38 00 – Fax : 04 68 62 38 01
email : contact@visapourlimage.com
www.visapourlimage.com

Marie-Odile Radom

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